Il y a encore vingt ans, la fonction auctoriale était singulièrement attachée au dispositif éditorial et à l’objet livre, sur la couverture duquel trône traditionnellement le nom de l’auteur. En proposant à l’écrivain de nouveaux outils d’écriture et de publication, les nouvelles technologies ont définitivement affecté les modes de production et de présentation historiques de l’auteur. Désormais, l’accès au contenu littéraire dépend d’abord de l’ensemble des dispositifs d’éditorialisation – en d’autres termes, de tout ce qui entoure ce contenu : les plateformes avec leur ergonomie et leur graphisme, les liens, les métadonnées qui permettent le référencement et l’indexation, etc. Ainsi, on se demandera : quels sont les enjeux conceptuels et pratiques de ces nouveaux outils, et comment redessinent-ils la figure de l’auteur ? Comment la multiplication des pratiques d’écritures collaboratives modifie-t-elle notre imaginaire de la figure auctoriale ?
08H30
Accueil des participants
9h00
Mot de bienvenue de la Doyenne de la FAS et présentation par les organisateurs
09H30
Marcotte Sophie
Conférence plénière : « La rétro-éditorialisation de l’écrivain »
Modérateur : Michael Sinatra
10h30
Pause
11H00
Suzanne Dumouchel
Editorialisation de l'auteur et mise en scène du rôle des lecteurs : l'exemple de la plateforme Wattpad
11H30
Odile Farge
La figure de l’auteur à l’épreuve de l’outil-logiciel
12H00
Evelyne Broudoux et Cécile Dolbeau-Brandin
Nouveaux agencements auctoriaux et éditoriaux
L’idée moderne d’auteur est née au début du XVIIIe siècle pour des raisons essentiellement économiques : il fallait alors inventer un modèle adapté à l’édition papier naissante. Par la suite, elle est peu à peu devenue cette fonction garantissant la fiabilité et la validité d’un texte. Or ce modèle d’abord économique puis culturel hérité de la tradition éditoriale est radicalement mis en question à l’heure où l’auteur a la possibilité de s’auto-publier et donc de s’auto-cautionner. Ce panel cernera l’impact du numérique sur le processus de circulation et de validation des contenus littéraires : quels dispositifs de validation sont aujourd’hui à disposition des écrivains ? À quels nouveaux modèles de lecture les écrits en ligne donnent-ils lieu ? Quel rôle échoit d’ailleurs aux communautés de lecteurs désormais structurées et organisées en ligne ?
14H00
Arnaud Maisetti
Portraits défigurés de l’auteur sur la toile : désœuvrer la ligne
14H30
Nicolas Sauret et Ariane Mayer
Auctorialité, autorité et Anarchy
15H00
Marc Jahjah
L’affaire Goodreads : ethnographie d’une controverse littéraire
15h30
Pause
16H00
Delphine Klein et Adrien Barbaresi
L'auto-édition de textes littéraires au révélateur des outils numériques
16H30
Claire Jeantet
Les communautés de lecteurs, nouveaux agents littéraires
17h00
FIN
En s’exposant sur son blogue et en éditant son profil sur les réseaux sociaux, l’écrivain façonne sa propre figure auctoriale tout en développant des formes inédites de récits de soi. En d’autres termes, nous dirons que désormais l’auteur s’éditorialise : il se sert des outils numériques et des connotations qui leur sont associées afin de se produire en tant qu’auteur. Tel qu’elle se construit en ligne, l’identité australe est donc dynamique (jamais définitivement achevée), hétérodéterminée (par les lecteurs notamment), et performative. On se demandera alors : comment se négocie le rapport intimité / extimité, ou invisibilité / visibilité de l’auteur sur le web ? Alors que se brouille la frontière entre les différentes instances (personne, écrivain, auteur), la fonction australe joue-t-elle encore une fonction de seuil ?
8h30
Accueil des participants
9h00
Gilles Bonnet
Conférence plénière : "Je est un internaute"
Modérateur : Andréa Oberhuber
10h30
Emmanuel Guez
Les personnages du réseau ont-ils besoin d'une dramaturgie ?
11h00
Maxime Thiry
Mort et survivance de l'auteur : l'avènement des icônes
11h30
PAUSE
11h45
Peppe Cavallari
Dis-moi qui je suis : Facebook et l'externalisation de l'identité
12h15
Yan St-Onge
La vidéo en ligne de poésie-performance : la performance de soi et la violence du réel
12h45
PAUSE LUNCH
Si la figure auctoriale se construit d’abord sur des sites d’auteurs ou sur des blogues consacrés à la publication littéraire, elle investit aussi des espaces réputés laisser peu de place à l’expression littéraire, qui font pourtant preuve d’un potentiel poétique insoupçonné. C’est le cas en particulier des plateformes impliquants des usagers très formatés : Facebook ou Twitter. Ces outils et ces plateformes numériques sont aujourd’hui détournés par des écrivains pour raconter une histoire ou façonner un personnage autofictif, accueillant ainsi de nouvelles formes narratives. A partir de quelques études de cas, ce panel entend démontrer la poéticité de ces stratégies ludiques d’écriture qui jouent un rôle essentiel dans la construction de la fonction australe sur le web.
14h00
Alexandra Profizi
Réseaux sociaux et fiction chez Tao Lin : vers une mutation de la réception d'une oeuvre ?
14h30
Karine Gendron
Echec de l'éditorialisation comme cohérence posturale dans Regarde les lumières mon amour d'Annie Ernaux
15h00
David Bélanger
L'écrivain fictif et l'épreuve du web
15h30
PAUSE
15h45
François Bon
Conférence plénière : "Qu'est-ce que le web change à l'auteur de littérature ?"
Modérateur : Benoît Melançon
16h45
Clôture du colloque